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Une soirée avec : ALAIN GUYARD

25 février 2022
Chapiteau Decrollier
Place de Grand-Marchin
Marchin, 4570 Belgium
De 19H30 à 22H30
5€
Paiement sur place via Payconiq, virement, en espèces ou Val’heureux.

Une soirée avec : Alain Guyard, philosophe forain

 

La philo, c'est pour tout le monde et surtout là où on ne l'attend pas ! Et ça secoue !

 

Alain Guyard est philosophe, c’est un fait, mais pas du genre à philosopher assis derrière un bureau. C’est un philosophe forain. Et même, d’après ses propres mots, « un bonimenteur de métaphysique et décravateur de concepts ». Avec lui les conférences de philosophie prennent des allures de bals populaires. Parce que la philosophie, dès que Guyard se met à jongler avec les idées, devient un terrain de jeu accessible à tout le monde. Ça commence par son allure : un costume trois pièces de dandy sur des bottines punk, une barbe de bûcheron écossais et des tatouages de mauvais garçon. Il se sert un verre de vin. Et voici qu’il se met à parler et qu’il capte en un instant l’attention du public. C’est un langage fleuri, bourré d’humour et de drôlerie. Il ne se refuse jamais un bon mot, une vacherie envers les puissants, un peu de grivoiserie. Il interpelle le public et le secoue dans tous les sens. 

 

De quoi parle-t-il ? De la vie, de notre vie à toutes et tous. De choses qui nous concernent. Le temps, l’amour, l’amitié, la tristesse, la révolte et la joie. Mais aussi la justice et l’injustice, la pauvreté et la richesse, la politique et la responsabilité, le travail ou son absence, l’honnêteté et le mensonge — tout ce qui pèse sur notre société et qu’il faut s’efforcer toujours de comprendre pour mieux lutter. Autant dire que Guyard n’est pas du côté du manche. La philosophie est pour lui comme l’arc et les flèches de Robin des Bois. Ni Dieu ni Maître, voilà son cri.

 

Il faut dire qu’Alain Guyard ne dispense plus depuis longtemps ses cours de philosophie depuis une chaire d’Université. Avec lui, la philo c’est partout, et surtout où on ne l’attend pas : derrière le comptoir d’un bar, dans une salle de village, sous un arbre dans un champ, dans la cour d’un garage ou à la cantine d’un lycée. Il a créé des ateliers de philosophie dans plusieurs centres pénitentiaires, mettant les participants au défi de penser leur situation sans juger tout en parlant d’art et de littérature. Il a emmené la philosophie en milieu psychiatrique, auprès des patients autant que des soignants, dans les hôpitaux, dans les unités de soins palliatifs, et dans les centres d’hébergement et les foyers de jeunes sous protection judiciaire. 

 

La philosophie, selon Guyard, n’est pas faite pour rassurer celles et ceux qui s’y frottent. Il prévient : « Peut- être que le numéro de philo foraine dépayse, dérange, fait douter, stupéfie, et / ou enchante… » Guyard pratique la philo comme une provocation qui va chercher le public jusque dans ses retranchements. Question provocation, il y met les formes, c’est certain : « Il a une gouaille de vendeur au cul du camion, un humour douteux, railleur et cynique, une érotomanie galopante et truculente, une vulgarité très présente mais jamais grossière », dit-on de lui. Mais c’est pour mieux prendre le public par surprise et lui titiller les neurones grâce à une incroyable érudition, une grande rigueur de démonstration et une capacité à rebondir sur les interpellations les plus surprenantes. 

 

Mais c’est encore Guyard qui parle le mieux de son travail : « De cette fréquentation intellectuelle avec les marges et la subculture européenne, j’ai gardé un goût immodéré pour ce que j’ose maintenant appeler le vagabondage spirituel. Il faut oser penser par soi-même jusque’à la dépense de soi-même. J’en ai conçu peut-être quelque chose comme un art de vivre. Un quart de siècle après ma première rencontre avec les proscrits de la forêt philosophique, mes tribulations me conduisent aux quatre coins de la France, parfois dans les pays frontaliers. Je philosophe dans des lieux où on ne l’attend pas avec un public qui ne s’y attend pas. La moitié de la semaine, je la passe sur les routes, dans les trains ou les voitures, sur le trimard ou sur le dur. Je rencontre des gens de toutes sortes, je suis hébergé dans des endroits improbables. Je trinque, je fume, je bois, je mange et je parle avec des femmes et des hommes de toutes conditions. Mais j’ai appris, à force de me frotter à eux, que je n’étais pas capable de philosopher avant de les rencontrer, tous ces braves gens qui n’en avaient jamais fait de leur vie. Car, pour que je m’affermisse en philosophie, il a fallu que s’effondre en moi toute l’arrogance naïve d’un titulaire de diplômes universitaires. On ne philosophe jamais en donnant des leçons ou en transmettant un savoir. Il en faut, des heures et des heures de causeries, de débats, de discussions interminables, des jours et des nuits passés à épuiser le discours, à essorer la langue, à malmener les concepts, pour découvrir enfin ce pauvre secret : on entre vraiment en philosophie dès lors qu’on s’est évidé de tout savoir, qu’on s’est épuisé de toute science. » (extrait de «Natchave», éditions Le Dilettante, 2018)

 

C’est peu dire qu’une soirée avec Alain Guyard nourrit la tête et secoue le corps de rire, et qu’on en ressort revigoré par un bain d’humanité (un bain chaud ou froid mais jamais tiède). Et y a pas à dire : ça fait du bien.

 

Vendredi 25.02 | 19:30
Sous le chapiteau Decrollier
Place de Grand-Marchin
4570 Marchin

 

Réservation indispensable, places limitées. Entrée : 5 euros / 1,25 euros (Article 27). 
Possibilité de repas au Bistro de Grand-Marchin après le spectacle : Boulets liégeois, 10 euros (version végétarienne sur demande).
Infos et réservations pour le repas : anne@oyou.be