Une œuvre pour la mémoire

Ce vendredi 26 mai, Jean-Pierre Callens donnera une conférence sur l’histoire du camp de détention de juifs de 1939 à 1940 à Marchin. Cet événement inaugure un plus vaste projet intitulé « Une œuvre pour la mémoire » (résidence d’artiste, expositions, et art public) mené par OYOU et la commune de Marchin autour de cette histoire, et qui aura comme aboutissement l’inauguration d’une œuvre d’art mémorielle. 

 

De 1939 à 1940, des juifs, fuyant le nazisme sont accueillis à Marchin, au château du Fourneau, qui constitue un centre d’hébergement pour réfugiés, dépendant du centre de Marneffe. Dans un contexte de tension politique forte et d’antisémitisme, leur condition de vie est difficile, et le camp s’organise péniblement sous un mode de quasi autosubsistance. Progressivement, leur situation se dégrade encore ; ils sont fichés, surveillés puis internés. En mai 1940, l’invasion allemande provoque la dissolution du camp. Les résidents quittent les lieux à pied en une sinistre colonne qui finit par se dissoudre sur sa route vers la France. Cet épisode de l’histoire, peu glorieux certes, aurait pu s’arrêter là. Mais le zèle de l’administration qui transmet les données de ces malheureux réfugiés va permettre l’arrestation et la déportation de plusieurs d’entre eux. 88 des 246 détenus passés par Marchin périront à Auschwitz. L’oubli s’installe progressivement, aidé par la disparition d’archives communales relatives à cet épisode de l’histoire et la vente des biens des réfugiés à Marneffe en 1962. Le hasard conduira pourtant Jean-Pierre Callens à découvrir dans les archives du centre de Marneffe des traces de cette histoire sous forme de correspondances. Et son enquête aboutira à la publication de son ouvrage « Les réfugiés juifs au camp de Marchin » en 2015.


À l’initiative d’OYOU asbl et de la commune de Marchin, un collectif citoyen a décidé de mener un projet pour la réalisation d’une œuvre qui sera installée sur le site de l’ancien château du Fourneau, dans le parc de l’Athénée royal Prince Baudouin de Marchin. L’œuvre constituera une trace commémorative sortant de l’oubli l’histoire des juifs détenus à Marchin dans le contexte de la seconde guerre mondiale, et déportés à Auschwitz. 

Ce projet d’art public est le fruit d’un travail mené avec les élèves de cinquième de l’Athénée, qui  ont défini les critères auxquels l’oeuvre devra répondre. Un jury citoyen constitué de représentants des élèves, du service pour l’égalité des chances, du CPAS, et du PCS de la commune de Marchin, des membres de l’équipe OYOU, d’élus communaux, du conseil consultatif communal des aînés de Marchin, du Cercle royal d’histoire et de folklore, de citoyens bénévoles et du PAC Huy-Waremme, a commencé un travail de réflexion afin de proposer le projet à plusieurs artistes.

Ce projet ambitionne d’interpeller le citoyen, en portant une réflexion contemporaine sur ces événements tragiques, car cette histoire révèle combien la montée des extrêmes, le repli identitaire et la montée de la haine peut faire advenir le pire. 

L’œuvre sera intégrée au Chemin de sculptures, projet d’art public, mis en place au début des années 2000 par le Centre culturel et la commune de Marchin, qui comporte déjà une quinzaine d’œuvres exposées dans différents lieux fréquentés par les habitants et les promeneurs à Marchin.


Prochain rendez-vous, durant la Biennale de la photographie en Condroz, dont le parcours passera par le site du château du Fourneau. Le travail des artistes qui y sera proposé offrira une premier regard qui interroge la mémoire et l’histoire.